À 81 ans, Gizenga est sans doute le plus vieil homme politique du pays. D’ailleurs, les Congolais l’ont baptisé « le patriarche ». Quand on lui demande le secret de sa bonne condition, il répond : « Très simple, ne pas manger trop et ne boire que de l’eau. Se lever tous les jours à 5 heures et commencer par un peu de gymnastique. Il importe aussi de donner un sens à sa vie, de façon à ne pas compter les jours. Je sais aussi que le peuple me soutient avec ferveur : quand je me suis porté candidat aux élections présidentielles, les 50 000 dollars de caution que je devais verser sont venus de 50 000 versements différents accompagnés d’une signature »
1.La lutte de Patrice Lumumba pour une réelle indépendance politique et économique du Congo a dominé toute l’existence de Gizenga. Quand, en septembre 1960, le futur dictateur Mobutu commet un coup d’État et place le Premier ministre Lumumba (qui, trois mois plus tôt, avait proclamé l’indépendance) en résidence surveillée, Gizenga prend aussitôt la place de Lumumba et se retire à Stanleyville (aujourd’hui Kisangani) avec le reste du gouvernement élu.
Durant les mois qui suivent la mort de Lumumba (en janvier 1961), Mobutu, aidé par la Belgique et les États-Unis, exerce une pression militaire et mène toutes sortes d’intrigues pour s’opposer au gouvernement de Gizenga. Finalement, Gizenga accepte un gouvernement d’« unité nationale ». Quelques mois plus tard, il se rend compte qu’il est tombé dans un piège.
De janvier 1961 à fin 1965, il est emprisonné. Les 28 années suivantes, Gizenga les passe à Moscou, Berlin-Est et Luanda (Angola) d’où il continue à diriger son parti, le Palu (Parti lumumbiste unifié).
A l’issue de la guerre froide, la dictature de Mobutu bat de l’aile et les partis politiques acquièrent plus d’influence. Durant cette période, le Palu devient l’un des principaux partis de l’opposition à Mobutu. En février 1992, Gizenga revient à Kinshasa, bien décidé à chasser Mobutu du pouvoir via des élections2. Finalement, ce sera la guerre de libération, dirigée par Laurent Désiré Kabila, qui fera tomber Mobutu, le 17 mai 1997.
Neuf ans plus tard, en août 2006, des élections ont enfin lieu. Au premier tour des présidentielles, le Palu obtient 14 % des voix, énorme pour un parti qui n’a guère de fonds et pas de postes à distribuer.